Généalogie actuelle
Généalogie de la branche actuelle des de la Marck

L'historique présenté ici est repris du livre La famille de la Marck : notes généalogiques rédigé par l'historien belge Jean Puraye. Celui-ci se base sur les travaux généalogiques du baron de J. Chestret de Haneffe ainsi que de ceux de l'abbé Jos. Habets. Jean Puraye ne s'attarde pas sur la généalogique complète de la lignée officielle de la maison de la Marck, mais seulement sur la branche bâtarde, établie par Guillaume de la Marck, baron de Lummen, et qui perdure jusqu'à nos jours, au contraire de la lignée officielle, éteinte au XVIIIe siècle avec Louise-Marguerite, comtesse de la Marck.

Notes généalogiques

De nombreux et savants travaux ont été consacrés à l'histoire et à la généalogie de la famille de la Marck. Nous n'envisageons pas de reprendre ici ces vastes études. Notre but est plus modeste ; il consistera à rappeler l'origine de cette famille, à évoquer les personnages qui virent éteindre en eux cette noble lignée, enfin à citer les noms de ceux qui, par bâtardise, la perpétuent jusqu'à nos jours.

L'origine

Le baron de Chestret de Haneffe, qui a publié un important ouvrage retraçant l'Histoire de la Maison de la Marck, écrit : « On sait combien était répandue dans la haute noblesse la sotte prétention de remonter à l’antiquité païenne. Tout grand seigneur qui se respectait devait pouvoir se rattacher à un roi, à un héros ou tout au moins à quelque fugitif illustre » 1.

Les la Marck, c’est Robert de la Marck, seigneur de Florange qui nous l’apprend, se disaient issus « des anciens Romains, de père en filz, jusques à present ; lesquelz estoient princz de la Marche d’Ancone, lesquelez furent bannys de leur pays et de là s’en vindrent en Allemaigne, ou il fonda la conté de la Marche et la conté d’Albrech (corr. Arenberg) et plusieurs aultres » 2.

Au XIVe siècle, le chroniqeur Levold de Northof raconte que deux frères de la famille romaine des Ursins, familiers de l’empereur Otton III, le suivirent en Allemagne, y acquirent un pays où ils érigèrent les châteaux d’Altena et d’Altenberg, et formèrent les deux souches d’où sortirent les comtes de Berg et de la Marck 3.

Au moment où le château de la Marck, en Westphalie, apparaît dans l’histoire – et peut être identifié par des documents précis – il appartient à un seigneur nommé Rabodon de Rudenberg. Ce Radobon, qui porta le nom de la Marck, en 1168, vendit son alleu à Philippe de Heinsberg, archevêque de Cologne.

En date du 19 juin 1178, le pape Alexandre III confirma cette nouvelle acquisition de prélat rhénan.

Quelque temps après, Radobon vendit son fief a Frédéric I, comte d’Altena († 1198/1199). Celui-ci avait épousé Alvenade, fille du comte Guillaume II de Juliers ; c’est leur fils Adolphe I, comte d’Altena (1199), qui s’appela comte de la Marck (1202).

La généalogie de la famille de la Marck peut être établie avec certitude dès l’an 1000 4.

Partis de Westphalie, les descendants de cette illustre lignée allaient réunir, sous un même sceptre, la plupart des Etats du Bas-Rhin, se répandre dans les Pays-Bas, la principauté de Liège et prendre place, en France, parmi les grands feudataires de la couronne.

La famille de la Marck fut apparentée aux plus illustres Maisons de l’Empire. À l’époque féodale, elle constitua la seconde lignée de la famille d’Arenberg.

Mais les gloires du monde passent et les familles les mieux établies disparaissent.

La dernière des la Marck

En ce milieu du XVIIIe siècle, la dernière descendante de la famille de la Marck s’appelait Louise-Marguerite. Elle était la fille unique et la seule héritière de Louis-Engelbert, dernier comte de la Marck et de Schleiden, marquis de Vardes (né le 23 décembre 1701, mort à Fléville, Nancy, le 5 octobre 1773), lieutenant général des armées du roi, grand d’Espagne de 1re classe, et de sa première épouse Marie-Anne-Hyacinthe Visdelou, dame de Bienassis (1712-1731).

Nous présentons ici un tableau qui donne sa proche parenté :

Arbre généalogique des parents de Louise-Marguerite de la Marck

Louise-Marguerite, comtesse de la Marck et de Schleiden, marquise de Vardes, baronne de Lummen et de Seraing-le-Château, dame de Saffenbourg, dame de l’Ordre de la Croix étoilée, naquit à Paris, le 18 août 1730, et fut baptisée, le même jour, en l’église Saint-Sulpice.

Le 18 juin 1748, en la paroisse Saint-Paul, à Paris, elle épousa Charles-Marie-Raymond (dit aussi « Charles-Léopold »), 5e duc d’Arenberg, duc d’Arschot et de Croÿ.

Louise-Marguerite Comtesse de la Marck
Louise-Marguerite
Comtesse de la Marck
Duchesse d'Arenberg
(1730-1820)

Le contrat de mariage avait été signé, à Paris, le 5 juin précédent. Les jeunes époux passèrent, le 25 du même mois, au château de Nalinnes (Hainaut), un acte qui prévoyait qu’au cas où Louis-Engelbert de la Marck, père de la mariée, ne laisserait pas d’enfant mâle, le fils aîné, qui naîtrait de leur union et succéderait ainsi à tous les biens de la Maison de la Marck, serait tenu, lui et ses descendants mâles, d’en prendre le nom et les armes.

Charles-Marie-Raymond, 5e duc d’Arenberg, duc d’Arschot et de Croÿ, né à Enghien, le 31 juillet 1721, avait été ondoyé en la chapelle du château, paroisse Saint-Nicolas, à Enghien, le 2 août 1721, et les cérémonies du baptême avaient été complétées à Vienne, paroisse Saint-Ulric, le 12 mars 1746. Il fut nommé gouverneur de la ville et de la forteresse de Mons, gouverneur, grand bailli, capitaine général du pays et comté de Hainaut, pair du comté de Hainaut et du duché de Bouillon et conseiller d’Etat intime. Il était colonel propriétaire d’un régiment d’infanterie, général d’artillerie (feld-zeugmeister), feld-maréchal impérial, grand-croix de l’Ordre militaire de Marie-Thérèse, grand d’Espagne de 1re classe et chevalier de la Toison d’Or.

Louise-Marguerite de la Marck, duchesse d’Arenberg donna huit enfants à son époux. Elle mourut au château d’Héverlé (Louvain), le 18 août 1820, et fut inhumée en l’église d’Enghien. Son époux était mort, à Enghien, le 17 août 1778 5.

Le premier de ses enfants, un fils, naquit à Bruxelles, le 2 juillet 1749. Il fut baptisé, le même jour, à la paroisse de la Chapelle, sous les noms de François-Marie-Thérèse, mais mourut, à Bruxelles, le 31 mars 14751.

Les dispositions du contrat, passé le 25 juin 1748, ne purent lui être appliquées. Elles ne le furent pas non plus lors de la naissance de son frère.

Le deuxième enfant, un fils également, Louis-Engelbert naquit à Bruxelles, le 3 août 1750. Il fut baptisé, le 27 novembre suivant, à la paroisse de la Chapelle. Celui-ci, désormais fils aîné, allait porter le titre de 6e duc d’Arenberg, duc d’Arschot et de Croÿ, 1er duc de Meppen et 1er prince de Recklinghausse.

Les troisième et quatrième enfants furent des filles : Marie-Léopoldine, princesse d’Arenberg, née à Bruxelles, le 30 juillet 1751, et Marie-Flore, princesse d’Arenberg, née à Bruxelles, le 25 juin 1752.

Le comte de la Marck

Ce sera le cinquième enfant, Auguste-Marie-Raymond, né à Bruxelles, le 30 août 1753, ondoyé le même jour, cérémonies du baptême complétées à la paroisse de la Chapelle, le 24 septembre 1757, qui portera, en 1773, le nom de comte de la Marck.

Il entra au service de la France et reçut, en 1773, le régiment de son grand-père maternel le comte de la Marck, appelé le régiment « la Marck ». Il devient maréchal de camp et général inspecteur de l’infanterie au service du roi Louis XVI. Il se lia d’amitié avec Mirabeau et recueillit son dernier soupir.

Après la clôture de l’Assemblée Constituante, le comte de la Marck quitta la France et passa, en 1795, au service de l’Autriche. A ce moment, il abandonna le nom de comte de la Marck et reprit celui de prince d’Arenberg. Il fut nommé général-major au service de ‘Autrice et, en 1817, lieutenant général dans l’armée de Pays-Bas. Il mourut, à Bruxelles, le 26 septembre 1833 6.

Il avait épousé, à Raismes (Nord), le 23 novembre 1774, Marie-Augustine le Danois, marquise de Cernay, baronne de Bousies, née à Raismes, le 3 septembre 1757, fille unique de Joseph-François le Danois, marquis de Joffreville, vicomte de Ronchères, seigneur de Novion, Seri, Proivi, etc., lieutenant général, et de Marie-Françoise-Colette le Danois de Cernay, marquise de Bousies.

La princesse d’Arenberg donna à son époux un fils : Ernest-Engelbert. Elle mourut à Epinal (Vosges), le 12 septembre 1810 7.

Les lignes bâtardes

Leone de Romistal, noble Bohémien, qui raconta ce qu’il vit au cours de son voyage entrepris dans l’Empire, en 1465-1467, écrit : « A la cour de Bourgogne, se trouvent trois bâtards auxquels on déguste préalablement le manger et le boire, comme on le ferait pour le fils légitime du duc ; car il faut savoir que dans ces contrées aucun déshonneur ne s’attache à la condition d’enfant naturel, contrairement à ce qui se passe chez nous. Rois et princes entretiennent des concubines dans leurs châteaux. Aux fils nés de ces unions, ils assignent des seigneuries, et, à la mort du père, les enfants légitimes ne retirent point ces terres à leurs frères naturels » 8.

Ce qui faisait l’étonnement de ce voyageur à la cour du duc de Bourgogne, se voyait chez de nombreux seigneurs du temps.

Les comtes de la Marck eurent, eux aussi, de nombreux bâtards. On en trouve la mention dès le XIVe siècle. Jean II, duc de Clèves et comte de la Marck (1458-1521), qui épousa Mathilde de Hesse († 1505), dont il eut trois enfants, n’eut pas moins de soixante-trois bâtards, ce qui lui valut le plaisant surnom de Kindermacher (faiseur d’enfants) 9.

Ces enfants étaient légitimés ou dotés ; les fils servaient aux armées ou entraient dans les ordres, les filles étaient mariées ou placées dans les abbayes. Certains d’entre eux constituaient de véritables lignées, d’autres s’effaçaient rapidement.

Nous voudrions retracer et compléter ici la descendance bâtarde que l’on peut, avec beaucoup de vraisemblance, rattacher à Guillaume de la Marck et qui se perpétue jusqu’à nos jours.

Guillaume de la Marck

Guillaume comte de la Marck, baron de Lummen, Seraing-le-Château, Borset, Minderleyt, avoué héréditaire de Franchimont, est mieux connu sous le nom de Guillaume de Lumey, chef des Gueux de Mer.

Guillaume de la Marck, Amiral des Gueux de Mer
Guillaume de la Marck
Amiral des Gueux de Mer (1542-1578)
Arrière-petit-fils de Guillaume dit le Sanglier
et descendant direct d'Evrard de la Marck.

Il naquit, le 14 octobre 1542, de Jean II, comte de la Marck († 1552) et de Marguerite de Wassenaer (± 1557). Très jeune, il montra un caractère violent et belliqueux. En 1566, il signa le Compromis des nobles et, prenant ouvertement fait et cause pour les calvinistes, entra en lutte contre le pouvoir royal.

Après l’exécution des comtes d’Egmont et de Hornes – ce dernier était cousin germain de sa mère –, il se mit au service du prince d’Orange qui lui donna le commandement d’une compagnie de cavalerie. Il prit une part active aux combats qui se livrèrent dans les Pays-Bas à ce moment et se signala par son audace et sa brutalité.

Puis ce fut sur la mer du Nord qu’il porta ses coups. Il fut nommé amiral des Gueux de Mer et, le 1er avril 1572, prit la ville de Briele. C’était là un remarquable exploit ; Briele, chef-lieu de l’île de Voorne, était la première ville que les Espagnols perdaient dans les provinces du Nord.

Guillaume de Lumey fut nommé, par les Etats, réunis à Dordrecht, gouverneur de la Hollande. Il se rendit maître de Rotterdam, de Delft, de Schiedam et d’autres places. Mais ce capitaine sauvage, cruel et insolent, allait être destitué de son gouvernement et emprisonné aux châteaux de Gouda et de Honingen, puis forcé de quitter la Hollande.

Guillaume se retira à Aix-la-Chapelle, rentra en possession de quelques-unes de ses terres et mourut, à Liège, le 1er mai 1578. Il fut inhumé à Lummen 10.

Descendance bâtarde

« On trouve une branche de la maison de la Marck établie en Hollande vers le commencement du XVIIe siècle et professant la religion réformée. Ces trois circonstances permettent de supposer, avec beaucoup de vraisemblance, écrit le baron de Chestret de Haneffe, qu’elle descend par bâtardise de ce Guillaume de la Marck-Lummen, qui débarqua en Hollande à la tête des Gueux de Mer et y joua, de 1572 à 1574, un rôle considérable au service de la cause protestante. Remarquons, à l’appui de cette hypothèse, que la filiation de ces la Marck commence précisément à l’époque où, en remontant plus haut, ils auraient dû faire l’aveu d’une origine entachée d’illégitimité. Leurs armes, figurées sur deux cachets du XVIIIe siècle conservés aux Archives de L’Etat, à Maestricht, présentent un écu à la fasce échiquetée, supporté par deux sirènes » 11.

La généalogie de cette famille a été dressée par l’abbé Jos. Habets 12 puis complétée, d’après les registres de l’état civil de la ville de Liège, par le baron J. de Chestret de Haneffe 13. A notre tour, nous la continuerons jusqu’à nos jours 14.