Les Manouches de Xhovémont
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Il y a quelque temps, nous étions mon épouse et moi attablés, en compagnie de quelques amis, dans le réfectoire de l'école Xhovémont, afin de participer à un repas organisé par les enseignants de l'établissement scolaire.

Tout en dégustant une excellente raclette de fromage, servie par d'accortes institutrices, nous devisions sur le coût de la vie et du panier de la ménagère en particulier, la politique, les enfants et petits-enfants, les vacances et j'en passe et des meilleures.

Tout à coup, je suis resté, un moment figé, la fourchette à hauteur de la bouche. Mais ma parole ! Je n'ai pas la berlue, c'est bien la musique de Django Reinhardt que j'entends. Je pense tout de suite à la personne qui a eu la bonne idée d'introduire un CD de notre grand guitariste. Je me tourne vers l'endroit d'où provenait cette musique enchanteresse, prête à découvrir mon pote le gitan grattant sa guitare dans un coin du réfectoire.

Stupéfaction ! Je découvre un groupe de jeunes musiciens comportant trois guitaristes, un contrebassiste et une violoniste. Cet ensemble à du rythme, sans ampli, rien que du pur jus. Lee, Quentin, Jérémy sont appliqués, assis, courbés sur leur guitare, les doigts parcourant les cordes à une vitesse effrénée, on les sent concentrés, ils jouent en parfaite harmonie. Le contrebassiste Nicolas a déjà une attitude jazzique comme un chevronné de jazz-band. Puis, cerise sur le gâteau, nous avons droit à des accents « grappelliens » sortis du violon de la jeune Sybille. Peut-être une future  «  Stéphanie Grappelli » sait-on jamais ! À la fin de leur première interprétation, très applaudie, n'étant pas le seul sous le charme,  j'ai pu enfin introduire la bouchée de raclette que je tenais en suspension.

Le groupe s'appelle « Les escargots du dimanche », sans doute un clin d'œil malicieux et quelque peu moqueur, vu la rapidité de leurs mouvements, à l'égard du sympathique gastéropode tant apprécié en gastronomie, et de leur amateurisme puisque les membres qui le composent sont étudiants et ne jouent que les week-ends. Le petit concert terminé, j'ai remercié les exécutants du bon moment passé ensemble.

Ils sont jeunes, mais par le style de musique qu'ils interprètent si bien, ils se posent en passeurs de mémoires musicales, comme nous les anciens de relais génération racontons aux petits enfants nos souvenirs d'enfance. Grâce à eux, Django n'est pas mort, il est toujours bien vivant. On leur souhaite de surfer encore longtemps sur le « Nuage » de notre pote le gitan.

Jean de la Marck